jeudi 15 mars 2012

Attaques sanitaires : du mieux pour le frêne ; du moins bon pour le hêtre


L'association belge FORÊT WALLONNE publie chaque mois la newsletter Forêt-MAIL traitant de la gestion des milieux forestiers.

Cette publication très bien documentée se fait régulièrement l'écho des recherches et autres faits remarquables concernant les forêts tempérées de l'ouest de l'Europe.

Ce mois-ci Forêt-MAIL développe deux informations sur la santé des forêts qui intéresseront les sylviculteurs de forêts feuillues et plus particulièrement ceux qui produisent du frêne et du hêtre.

Nous reproduisons ces deux brèves ci dessous :

Une nouvelle forme d’infection des jeunes hêtres en sous-étage par Phytophtora

Dans les hêtraies du sud de l’Allemagne, une mortalité importante des pousses annuelles des jeunes hêtres en sous-étage a été observée, surtout pendant et après des périodes prolongées de précipitations printanières. Cette mortalité concerne les pousses annuelles des branches basses se situant jusqu’à une hauteur de 2 m. Les nécroses peuvent même se répandre au-delà des pousses annuelles et atteindre les tissus de l’année précédente.

Une étude menée par l’Université de Constance a analysé un total de cinquante-quatre branches infectées et a révélé la présence du pathogène Phytophtora dans près de 70 % des cas. Les caractéristiques de la maladie ont été étudiées et il s’avère que ces pathogènes se transmettent du sol vers les parties aériennes des arbres via les éclaboussures de pluie ainsi que par d’autres acteurs de transmission tels que les escargots. Cette étude révèle une nouvelle forme d’infection due à ces pathogènes, jusqu’à maintenant bien connu pour les dégâts causés aux semis et aux racines des hêtres matures.

Même si cette nouvelle forme de maladie n’a pas d’effet majeur sur les hêtres matures, la régénération naturelle et artificielle est potentiellement à risque en raison du ralentissement de la croissance en hauteur et de l’affaiblissement général des jeunes plants. Dans les zones à risque (sol déjà infesté par Phytophtora et à haute teneur en eau), les jeunes hêtres vont souffrir sévèrement à la fois des infections souterraines (racines) et aériennes (branches).

Cette nouvelle forme de maladie montre encore une fois la sensibilité du hêtre face aux sols lourds et engorgés et aux nappes phréatiques élevées. En conclusion de l’étude, les auteurs informent que cette nouvelle forme de maladie pourrait compromettre le succès de la régénération du hêtre en sous-étage. [C.S.]

Nechwatal J., Hahn J., Schönborn A., Schmitz G. [2011]. A twig blight of understorey European beech (Fagus sylvatica) caused by soilborne Phytophtora spp. Forest Pathology 41 : 493-500 (8 p., 2 fig., 2 tab., 38 réf.).


Une résistance génétique à la chalarose du frêne ?


Le frêne est actuellement menacé par un pathogène fongique, la chalarose, qui semble rentrer dans les arbres à travers les feuilles. Une étude au Danemark a révélé des différences significatives parmi les clones de frêne en ce qui concerne la résistance à cette nouvelle maladie.

Une analyse des symptômes de dépérissement causés par la chalarose a été réalisée entre 2007 et 2009 parmi trente clones différents. Même si tous les clones ont montré des signes d’infection, certains sont restés relativement sains pendant toute la durée de l’étude (3 ans). Le niveau de sensibilité à la maladie était fortement corrélé avec la sénescence des feuilles en automne, celle-ci a lieu de manière plus précoce pour les clones les plus sains. L’objectif de l’étude a donc été de savoir si les arbres plus sains évitent l’infection grâce à cette sénescence précoce des feuilles ou grâce à une défense génétique.

Les résultats montrent que la résistance partielle des clones sains n’est pas uniquement une conséquence de la sénescence des feuilles. Une défense génétique active est présente dans certains arbres et pourrait éventuellement les empêcher de succomber à la maladie, même quand l’infection est déjà présente. Les clones les plus sains sont capables de limiter la croissance et la propagation du champignon et, par conséquent, de minimiser l’apparition des symptômes. Ces résultats donnent de l’espoir pour le futur du frêne en Europe grâce à la sélection et la sylviculture. [C.S.]

McKinney L.V., Thomsen I.M., Kjaer E.D., Nielsen L.R. [2012]. Genetic résistance to Hymenoscyphus pseudoalbidus limits fungal growth and symptom occurrence in Fraxinus Excelsior. Forest Pathology 42 : 69-74 (6 p., 2 fig., 2 tab., 20 réf.).